Le golfe du Morbihan ou "petite mer" ("mor bihan" en breton) a donné son nom au département. Il n'a qu'une surface modeste (115 km2, environ 20 km d'est en ouest et 15 km du nord au sud) mais constitue un véritable monde en soi, un labyrinthe d'îles, chenaux, vasières et marais unique en son genre et à forte attractivité. Bien qu'envahi par les touristes en saison, sa topographie permet toujours de trouver des endroits où l'on est seul au monde. Et il a su conserver une population locale attachée à ses particularismes. A visiter en intersaison, de préférence.
Le golfe d'Arzon
A marée haute, il s'agit d'une véritable mer intérieure. Mais à l'entrée du golfe, entre Arzon et Locmariaquer, les courants s'engouffrant ou sortant peuvent être très puissants, surtout à mi-flux ou mi-reflux et encore plus par forts coefficients. Ce sont les seconds plus forts en France après ceux du cap de la Hague. Une hydrolienne dans l'embouchure produirait un maximum.
Golfe du Marais du Duer
Le golfe est aussi le lieu où s'épanouit une flore et une faune extraordinaires, la terre y est baignée des eaux mêlées de la mer et de celles plus douces de quatre rivières d'Auray, de Vannes, de Noyalo et de Vincin. (ici marais de la réserve du Duer, près de la côte nord de Sarzeau). Les limons déposés y sont d'une grande richesse.
Héron dans le Golfe du Morbihan à proximité des Salines d'Arz
Hérons et aigrettes savent en profiter (Ici près des Salines d'Arz).
Huitres dans le golfe du Morbihan
Les huîtres sont la grande spécialité locale, sauvages ou élevées en parcs (Ici à l'île d'Arz).
Des huîtres et fruits de mer que les ostréiculteurs font déguster un peu partout, et souvent dans des cadres enchanteurs (ici, à Larmor-Baden, chez Lucien).
Ile privée dans le Golfe du Morbihan
Une quarantaine d'îles et îlots dont deux grandes : l'île aux Moines (photo) et celle d'Arz, la plupart des autres sont privées, mais leur périphérie est publique et leurs rivages sont toujours accessibles aux embarcations. D'autres appartiennent à l'Etat (à Saint-Colombier notamment).
Certains îlots s'arrachent à prix d'or. Et on y tourne très souvent des films. Cette maison rose sert d'amer (de repère) aux marins.
D'autres ont un intérêt archéologique de premier plan, comme le cairn de Gavrinis dont les couloirs intérieurs sont gravés d'entrelacs néolithiques de toute beauté. Un des plus beaux au monde.
Ou le double cromlec'h d'Er Lannig, en forme de huit, dont une moitié sous les eaux à marée haute. Il se trouve juste en face du cairn de Gavrinis qu'on aperçoit derrière.
Pour éviter de faire des kilomètres inutiles en voiture, des navettes sillonnent le golfe, comme ici, entre Port Navalo et Locmariaquer : 1 km en bateau au lieu de 70 par la route !
Quant à la voile traditionnelle, elle est encore bien vivante dans le golfe (Ici dans le port de la Carrière, à Arradon).
On y a même remis au goût du jour des barques mâtées traditionnelles, ou des dériveurs bien pratiques pour accoster n'importe quelle côte avec peu d'eau.
Les modèles de toutes tailles existent, tous adaptés à la navigation si spécifique du golfe.
Sur la presqu'île de Rhuys, à Sarzeau, la restauration du château de Suscinio fait merveille.
Grand Menhir Brise
Remontons plus encore dans le temps. Le grand menhir brisé de Locmariaquer, aujourd'hui cassé en quatre morceaux, probablement suite à un séisme (la région est sismiquement sensible), mesurait en tout 20,40 m pour un poids de 350 tonnes. Il a été érigé autour de 5000 avant JC. Son érection suppose la participation de plusieurs milliers d'hommes, donc une organisation sociale qu'on prête généralement peu aux hommes du néolithique.
Autre énigme : le tumulus de la Table des marchands, juste à côté du menhir brisé, comporte des gravures qui montrent que la table du dolmen (ci-dessus) est issue d'un autre grand menhir brisé et que sa fraction complémentaire se trouve dans le cairn de Gavrinis (voir précédemment), à plusieurs kilomètres de là, et par-delà un bras de mer. Mais la configuration était sans doute différente il y a 7000 ans.