Lannion, située dans le Nord de la Bretagne, petite par la taille mais grande par l'importance que la révolution des télécoms lui a apportée. Jadis dominée par sa "rivale" Tréguier, elle a supplanté cette dernière et est devenue la capitale du Trégor. Si la ville s'est bien développée depuis les années 60, la Renaissance a laissé les traces de son ancien rayonnement. La cité se visite rapidement mais on en garde un souvenir charmant. A l'orée de la côte de Granit rose, on peut en faire une base pour rayonner vers Ploumanac'h, Perros-Guirec et les Sept-Îles, Trébeurden, Trégastel, l'intérieur des terres... Et plus loin Tréguier, Paimpol et l'île de Bréhat. Lannion dispose également de deux plages dans le lieu dit de Beg Léguer.
L'angle de la place du Centre et de la rue des Chapeliers, des maisons à pans de bois et ardoises datant du XVIIe siècle, âge d'or du Trégor. L’ancienne cité médiévale présente aussi quantités de façades à décors sculptés, témoins des goûts et de la richesse des habitants. Les hôtels particuliers et manoirs s’accolent à des tours massives qui abritent les escaliers à vis permettant d’accéder aux étages.
La rue piétonne des Chapeliers présente aussi des façades intéressantes, témoins de la richesse de la ville à la Renaissance. Certaines, à encorbellements ressembleraient presque à des galions grâce à leurs courbures. Il est intéressant de détailler les sculptures de bois:
Toutes ne sont pas nécessairement de bon goût
Jeudi est jour de marché, le plus important de tout le département, surtout à la belle saison. Il s'étend sur la place du Centre et se poursuit le long des quais.
Les rues du centre drainent alors une foule incroyable. Les commerçants viennent de très loin. C'est un spectacle pour les yeux... pour les oreilles aussi. Musique celtique certes, mais aussi jazz, rock, acrobates, théâtre de rue etc.
De l'animation, on en a encore plus lors des Tardives, fêtes des jeudis soirs d'été, place du Centre et sur les quais. Concerts gratuits un peu partout, repas de rue et animations diverses (la région est riche en groupes de musique, troupes de théâtre, d'improvisation, compagnie de cirque) ... festoù-noz géants auxquels les locaux vous initieront spontanément. Il suffit de se glisser entre deux personnes et de suivre le pas et le mouvement des bras. C'est facile lorsque que c'est un an-dro, plus ardu lorsqu'il s'agit d'une dans Fisel. Mais là, regarder les bons danseurs suffit à prendre plaisir. Toutes les animations sont bien évidemment gratuites.
Pour les béotiens qui ne voudraient pas avoir l'air trop bête, une initiation aux danses bretonnes et celtiques est donnée à l'écart un peu avant la fête, sur le parvis du Carré Magique, belle salle programmant des spectacles de qualité et "scène nationale des arts du cirque".
Juste à côté du Carré magique, une autre salle de spectacles moderne reflète "Le couvent des Ursulines", un nom qui réduit un peu sa fonction car si le bâtiment a effectivement été couvent, il est devenu prison à la Révolution puis lycée, puis médiathèque... Il est actuellement composé de salles associatives et de logement hlm aux étages. Loyer modéré, mais cadre de luxe...
Le meilleur point de vue pour embrasser la ville du regard se trouve à Brélévénez (Mont-Joie en breton) sur le parvis de l’église de la Trinité. Il faut d'abord gravir les 140 marches qui séparent cet ancien faubourg du centre-ville.
Les maisons bordant l'escalier sont adorablement petites et malcommodes (jusqu'aux années 60, il fallait monter l'eau au seau). Elles offrent en revanche une vue magnifique sur la ville.
Les escaliers attirent la foule lors de la course du Père-Noël. Au fond, l'église Saint-Jean du Baly.
L'église de Brélévénez, elle, en haut des marches, a probablement une origine templière. Son porche sud remonte au XIIIe avec des meurtrières rappelant que les églises servaient aussi de refuge en cas d’invasion. Sa crypte, du XIIe, présente une mise au tombeau XVIIIe vivement colorée. Les noms de Crec’h Tanet (sommet enflammé) sur lequel l’église est bâtie ainsi que la commanderie voisine (N°29 de la rue des Templiers) rappellent les origines templières qu’on attache souvent à l’édifice. Détail étonnant, le baptistère est une ancienne mesure à blé et les sculptures sur les chapiteaux présentent un art quasi-primitif.
L'église de Loguivy-lès-Lannion, à un vol d'oiseau en descendant le cours du Léguer est typique de ces chapelles XVIe et XVIIe trégorroises, bien proportionnées et artistement sculptées.
Derrière la fontaine de l'enclos, un if qu'on dit avoir 1000 ans. Les gens exagèrent toujours mais il est vrai que l'arbre, à pousse très lente, est de belles dimensions. Il y en avait un dans chaque enclos paroissial, comme symbole d'éternité, mais ici plus particulièrement pour célébrer Ivy ou Divy, saint qui se confond avec Saint-Yves, très important en Bretagne (la moitié des Bretons avaient un Yves, Yvon, Yffig... dans leur prénom). On peut remarquer qu'on entre toujours dans l'enclos en enjambant un petit parapet. Celui-ci servait à empêcher les porcs d'y pénétrer; pour éviter qu'ils déterrent les morts fraîchement enterrés, d'une part, mais aussi parce que les aiguilles d'if, toxiques, leur auraient été fatales.
Si le Léguer est un fleuve tranquille en temps ordinaire, par grande marée, il déborde souvent sur les quais.
En amont, en revanche, on a aménagé un parcours de kayak et rafting qui, quand il est en eau... est un vrai torrent. Mine de rien, des champions du Monde ou olympiques sont issus de Lannion : Philippe Quémerais, Yann Le Pennec, ou Sébastien Combot.